Watsu, Paris, eau chaude
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Watsu Paris France
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Oraison funèbre de Harold Dull

Le 31 juillet 2019, le créateur du Watsu®, Harold Dull, est mort paisiblement dans son sommeil, à l’âge de 84 ans.

 

Merci à Pavana Dull pour l'autorisation de traduire et publier un extrait de l'oraison funèbre qu’elle a écrite pour célébrer le premier anniversaire du décès de son mari, le 31 juillet 2020.

Dernier darshan[1] avec Amma

par Pavana Dull

Traduit en français par Philippe Quillien

 

Jeune garçon, Harold est en partie élevé par des adeptes d'une église fondamentaliste. Il m'a raconté que, lorsque la bombe à hydrogène a été larguée sur Hiroshima, tuant des milliers de personnes, ces paroissiens étaient en extase, pleins de schadenfreude[2], et croyaient que l'Enlèvement[3] était proche. En raison de cette précoce et malheureuse exposition, Harold décide à un très jeune âge qu’un Dieu compatissant, quel qu’il soit, n'aurait rien à voir avec les religions établies. À dix ans il décide que, pour exprimer l'amour présent dans son cœur, il lui faudrait trouver un autre chemin.

 

La gentillesse et la générosité, la poésie, le Watsu, les quatuors à cordes de Beethoven, les cantates de Bach, les messes musicales, l’opéra, l’art, sont devenus la religion de Harold. C'était un intellectuel de tout premier ordre et un homme bon.

 

Dans les années 1950, étudiant de premier cycle à l'université de Washington, Harold s’allongeait sur un matelas dans un entrepôt où des musiciens de jazz noirs et blancs avaient la possibilité de jouer ensemble en secret, alors que leurs syndicats interdisaient la mixité raciale. Il m'a raconté qu'il avait l’habitude de danser en extase sur les riffs et les syncopes des grands du jazz de l'époque. J'ai souvent pensé que cette écoute, et le fait de permettre aux rythmes de jazz de vibrer à travers son corps, avait inspiré et marqué sa capacité unique à donner un Flot libre (Free Flow) de Watsu à nul autre pareil.

 

La personnalité de Harold se composait de multiples couches et, parmi beaucoup d'autres choses, il avait le Cœur d'un chien (Heart of a dog). À l’âge de cinq ans, j'avais annoncé à ma mère que j'épouserais Pepe, le chien du voisin, un fox-terrier à poil dur exceptionnellement intelligent, mon meilleur ami de l’époque, tandis que je grandissais. Jusqu'à 25 ans, je ne suis sorti avec personne et je n'ai eu aucune relation amoureuse. Personne n’était à la hauteur de cette empreinte éducative ou des caractéristiques de cette amitié et de ce lien avec Pepe. Cependant, à 25 ans, lorsque j'ai rencontré Harold pour la première fois, je l'ai immédiatement reconnu à partir du modèle précédent et je me suis enfin sentie chez moi.

 

Il n'y aura jamais un autre Harold, poète, amateur de musique et d'art, amoureux de l'eau, du Watsu, universitaire érudit, doté d’un malicieux sens de l'humour, possédant le cœur d'un chien bien-aimé, le tout dans une seule enveloppe.

 

C’est peu dire que Harold se méfiait des religions établies. Et pourtant, au cours de sa dernière semaine de pleine conscience, alors qu'il pouvait encore un peu se déplacer, au prix d’atroces souffrances, il a décidé qu'il devait m'accompagner pour voir la « Grande âme » (Mahatma), Amritanandamayi, Amma, « la Sainte qui étreint ». Amma, que j’ai suivie pendant 30 ans, m'avait donné mon nom sanscrit, « Pavana ». Douloureusement, mais patiemment, Harold a attendu dans la foule bruyante pour recevoir son darshan. Même en bonne santé, il a toujours évité le bruit, les foules. Et à ce moment-là, tout mouvement était pour lui insupportablement douloureux, mais il a absolument insisté pour m'accompagner.

 

J'ai d'abord pensé à tort qu'il ressentait une sorte d’attraction naissante pour recevoir une bénédiction, une guérison. Cependant, j'ai découvert plus tard que sa motivation n'était pas de demander quoi que ce soit pour lui-même. Jusqu'à la fin il est resté fermement persuadé que tout ce qui ressemblait, même de loin, à une activité religieuse était suspect. Harold n'accordait de crédit qu'aux « petits actes de gentillesse et d'amour ». Il a enduré la douleur atroce de ce jour-là parce qu'il savait que c'était sa dernière occasion de voir Amma avant de mourir. Ce dernier acte désintéressé et compatissant ‒ recevoir un darshan avec Amma ‒ était uniquement motivé par le désir d’apporter de la paix et du réconfort à sa famille. Selon les paroles de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux, Harold n'accordait de crédit qu'aux « petits actes de bonté et d'amour ». Voilà un exemple de l’altruisme de Harold, une de ses nombreuses, nombreuses qualités.

 

Je cite maintenant sans rien retoucher la toute dernière chose que Harold ait écrite avant de mourir :

« Nombre des bienfaits uniques du Watsu proviennent du fait que tout le corps est porté, cet enveloppement permettant, en toute sécurité, une profonde exploration intérieure. Plus celui qui porte engage tout son corps, tout son être, plus ces bienfaits sont profonds. Cet engagement m'a pris par surprise lorsque j'ai senti un Enveloppement du cœur (Heart Wrap) avec une personne que je berçais contre mon cœur, un enveloppement de mon cœur sous et autour de sa poitrine, une union, même avec des personnes avec qui je n’aurais jamais imaginé une union possible.

Nous pourrions construire une machine ou un robot de Watsu, capable de porter quelqu'un dans l'eau et programmé pour exécuter tous les mouvements du Watsu, mais il est difficile de l'imaginer engagé dans un Enveloppement du cœur. Il serait tout aussi difficile d'imaginer que ce robot soit attiré dans les espaces et les mouvements du Flot libre qui, nous dit-on encore et encore, sont les espaces dont nous avons le plus besoin.

Dans les dernières théories de l'émergence, chaque niveau de l'univers s'engage dans sa création. D'après ma propre expérience, j'aime penser à notre engagement dans le Watsu comme à une forme d'amour. »

 

[1] NdT : « Le darshan est un moment où le dévot est en contact visuel direct avec l'idole d'un dieu, un avatar, un maître spirituel vivant ou la représentation d'un maître défunt. » (Wikipédia)

[2] NdT : « La Schadenfreude est une expression allemande signifiant la "joie malsaine" ou la "joie maligne" que l’on éprouve en observant le malheur d’autrui. Les termes schaden et freude signifient littéralement la "joie [du] dommage". »

[3] NdT : « L’enlèvement de l’Église (ou ravissement) est une doctrine eschatologique propre à la théologie évangélique, surtout américaine, qui décrit un événement de la fin des temps où tous les chrétiens vivants, avec les croyants ressuscités, seront tous ensemble enlevés sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs. » (Wikipédia)

Une pensée joyeuse pour Harold

Pendant presque toute sa vie, le créateur du Watsu, Harold Dull, a été en bonne santé. Son premier « combat » contre le cancer, je reprends son expression, commence en 2010, après la découverte d’une tumeur à la base de sa langue. Deux mois plus tard, après une radiothérapie, il part enseigner le Watsu en Inde, dont il ramènera les « portes » familières aux étudiants de Watsu.

 

Sept ans plus tard, le cancer s’attaque de nouveau à la langue, mais de manière plus étendue que la première fois. À l’approche d’une nouvelle opération, Harold écrit à la hâte ses « Memoirs », « ne sachant pas s’il en aurait le temps après ni même s’il y aurait un après ».

 

Le 9 septembre 2018, Harold subit donc une laryngectomie totale, suivie d’un recours à la radiothérapie pour détruire les parties de la tumeur qui subsistent. Une nouvelle tranche de vie commence. Il est vraisemblable qu’il ne pourra plus jamais manger de nourriture solide, ni parler, ni bien sûr retourner dans un bassin.

 

Mais, note-t-il avec humour, son esprit ne semble pas affecté par l’opération ou les rayons. En plus de continuer à administrer le Registre international du travail corporel aquatique (WABR, www.watsu.com), il s’attaque à la rédaction d’un nouveau livre sur le Watsu et se passionne pour l’œuvre de Rûmî qu’il vient de découvrir.

 

Harold enrichit également ses mémoires avec quelques paragraphes intitulés « Celebration ». Il rappelle combien il est essentiel d’être léger et joyeux lorsqu’on est en train d’étudier le Watsu. Un stage de travail corporel aquatique n’est ni le lieu ni le moment de réveiller les éventuelles blessures de l’enfance ou d’explorer les failles de l’adulte.

 

Il donne aussi le secret de sa capacité à rester « so positive » : « My mother always said I had been a happy baby ».

 

Nous lui souhaitons de tout cœur de continuer à s’étonner – et à nous étonner – d’être aussi joyeux !

 

Philippe Quillien

Prochains cours de Watsu 1

du 4 au 9 mai 2024 dans le sud de la Sarthe (2-3h de Paris, 1h d'Angers, du Mans ou de Tours)

Plaquette Watsu1 (Watsu Basic et Flot de transition) - 4-9 mai 2024
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Plaquette Watsu1 / Watsu Basic - 4-5 mai 2024
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Plaquette Watsu1 / Flot de transition - 6-9 mai 2024
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Prochains cours d'Initiation à la Water Dance

les  11-12 mai 2024
dans le sud de la Sarthe (2-3h de Paris, 1h d'Angers, du Mans ou de Tours)

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 Prochains cours de Watsu 2 du 25 au 30 septembre 2024 dans le sud de la Sarthe (2-3h de Paris, 1h d'Angers, du Mans ou de Tours)

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Prochains cours de Watsu 3

du 1er au 5 octobre 2024
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Plaquette Watsu 3 - 1-5 octobre 2024
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